Des données et une ville
On parle aujourd’hui de plus en plus de big data, de data analysis, de ville intelligente. Mais qu’en est-il dans les faits ? Quelles informations nous donnent les données actuellement disponibles en France ?
Les lois récentes, au niveau européen comme national, poussent largement les collectivités territoriales à ouvrir leurs données. Cela consiste à mettre en place une plateforme accessible en ligne où sont disponibles plusieurs couches géographiques ou non de données.
Dans cette lignée, l'INSEE, l'IGN, le CEREMA et d’autres entités affiliées au secteur public ont également ouvert une grande partie de leurs données quantitatives (statistiques, recensement, cartes de la BDTOPO, informations sur les DPE, etc.).
Ce bref travail a cet objectif double :
Ce travail est en grande partie inspiré ou issu de ma thèse de doctorat (voir ici pour plus d’informations) dont le manuscrit est gratuitement disponible ici.
Méthodologie
La méthode d’extraction et d’utilisation des données s’appuie sur plusieurs axes principaux :
J’ai choisi d’utiliser le découpage spatial national qu’est celui des IRIS. Cette division du territoire a été créée à la fin du XXème siècle pour accompagner le recensement statistique et assurer l’anonymat des individus. Chaque zone correspond environ à 2 000 habitants (sauf pour certaines communes de moins de 5 000 habitants).
La métropole rassemble ainsi 512 IRIS pour les 59 communes de son territoire.
Les grands fournisseurs de données publiques sont les suivants :
Dans un deuxième temps, on peut se pencher sur des sources supplémentaires qui n’ont pas été utilisées ici avec, par exemple :
Pour faciliter la lecture des résultats, nous ne prenons ici que les données les plus simples, c’est-à-dire celles de l’IGN et de l’INSEE.
La liste non exhaustive des données utilisées ici va comme suit :
Notre procédé se déroule selon les étapes suivantes :
Visualisation de quelques informations quantitatives
Carte de la population.
Carte de la densité moyenne de population par IRIS.
Carte de la hauteur moyenne de bâtiments.
Carte de moyenne de proportions de surface occupée par de la nature d’après la BDTOPO de l’IGN.
Carte de l’entropie (ou de l’hétérogénéité) de l’utilisation des sols d’après le projet Corine Land Cover (Copernicus).
Carte du coefficient d’emprise au sol moyen par IRIS.
Carte de moyenne de proportion de surface occupée par des routes d’après la BDTOPO de l’IGN.
Quelques informations extraites des données brutes
Les caractéristiques urbaines ont été séparées entre occupation des sols et bâtiments. De la sorte, nous procédons un peu à la façon dont l’aménagement fonctionne : d’abord aborder avec la répartition des usages, les espaces publics par le travail des urbanistes, ensuite avec la construction des bâtiments et l’appel aux architectes.
Assez logiquement, on constate sur la première figure que les IRIS très denses, proches du centre de la métropole (en jaune), sont opposés à des quartiers moins denses et plus périphériques (en violet). On note également que ces IRIS extérieurs présentent une proportion de nature logiquement plus importante. Toutefois, on note que les quartiers se distribuent sur l’ensemble des possibilités : une forme d’organisation de la nature en ville ne prévaut pas sur les autres.
Le rapport entre la taille des îlots et la superficie de routes est par contre beaucoup plus resserré autour d’un ratio fixe (d’environ -0.04). Ces deux données sont assez logiquement liées puisqu’elles le sont physiquement. On retrouve un gradient selon la distance au centre. Les formes urbaines respectent une loi : à beaucoup de routes des petits îlots et inversement.
La dernière figure illustre la relation entre le COS (ou coefficient d’occupation des sols) et la présence de routes. On constate deux parties à ce graphe :
La variabilité des relations est beaucoup plus importante pour les caractéristiques des bâtiments. Il y a une plus grande diversité de bâtiments que de formes urbaines.
Il est déjà possible d’étudier la répartition temporelle des bâtiments. On identifie ainsi trois ensembles principaux d’IRIS :
Quand on combine cette donnée avec le rapport entre hauteur des bâtiments et âge des bâtiments, on constate également la présence de trois groupes d’IRIS.
Si l’on cherche à affiner la caractérisation de ces bâtiments de plus petites tailles, la figure précédente met en évidence différents profils. D’une part, on a les bâtiments qui se regroupent par très grands nombres (jusqu’à 3 000 ou 4 000 par IRIS), tandis que dans d’autres cas, ils sont très peu nombreux (moins de 200 bâtiments par IRIS). Cela sépare les zones résidentielles denses des zones plus rurales et moins denses.
De ces premières constations, on peut ressortir quelques premières conclusions partielles :
Le transport est également un facteur important d'influence sur la morphologie des villes. La possession de voiture et celle de place de stationnement sont des paramètres marquants corrélés à la densité de population mais aussi à l’âge des bâtiments. La figure précédente souligne ainsi que la prise en compte du besoin de stationnement de véhicules individuels près des logements est une problématique récente mais également que plus la densité est faible et plus l’équipement en stationnement est grand. On note également une répartition similaire (mais renversée) à celle de la hauteur par rapport à l’âge des bâtiments.
Enfin, la répartition des usages des bâtiments (et donc indirectement la programmation urbaine des zones) est-elle liée aux caractéristiques physiques ? Cela parait logique, des tours de bureaux étant plus fréquentes que de logements. Néanmoins, cette thématique est plutôt marquée par la sempiternelle distinction centre de métropole et périphéries.
Quelles conclusions pouvons-nous tirer de ces analyses de corrélations ?
Quelques quartiers importants
Éléments saillants de l’exercice
Pas de solution unique pour améliorer la densité
Après des études d’ingénieur où j’ai été formé à différentes disciplines des mathématiques appliquées, j’ai préparé une thèse de doctorat au sein du Centre de Mathématiques Appliquées des Mines de Paris à Sophia-Antipolis. Mon objectif a été de réconcilier deux disciplines, aux langages proches mais distincts, la modélisation prospective et l’urbanisme.
Pour plus de détails sur mon parcours, vous pouvez aller sur mon site.